Quelques départements français partagent avec l'Ain le lourd privilège d'avoir été pendant près de deux siècles terres d'accueil d'enfants orphelins, abondonnés ou trouvés. Recueillis par les Charités, ils étaient ensuite "placés" dans des familles de la campagne qui en retiraient un revenu et une main-d'oeuvre salutaires.
Cette industrie nourricière est longtemps restée un phénomène méconnu, voire oublié. Grâce aux travaux de recherche menés par des historiens, des démographes et des sociologues, on en mesure à présent l'ampleur puisque ce sont des dizaines de milliers d'enfants, pour la plupart nourrissons, dont le destin a basculé dans le tour des Charités. On en mesure aussi le poids pour ces fils et filles de l'Assistance publique - ceux qu'on appellera plus tard les enfants de la DDASS - qui ont connu des parcours mêlés de souffrance ou d'affection, de rancoeur ou de reconnaissance.